Projet palm morondava

Les problématiques de submersion marine de la ville de Morondava

Le 12/10/2018 0

Second billet du projet PALM (Protection et Aménagement du Littoral de Morondava). [Théo Grondin]

Le projet déploie sa stratégie !

Bonjour à tous ! Ce second billet du blog PALM a pour objectif de répondre aux nombreuses interrogations soulevées ces dernières semaines concernant les épisodes de submersions marines et concernant l’avancement du programme d’actions du projet PALM.

Durant ces derniers mois, l’ensemble des habitants de la ville de Morondava ont pu constater l’ampleur du phénomène d’érosion des plages de la ville et l’aggravation des phénomènes de submersion de l’espace urbain. Si ces événements ne sont pas nouveaux (si l’on se remémore le passage du cyclone Gafilo et les phénomènes de submersions des années 1998 et 2004 par exemple), le littoral fait face à une situation sans précédent du fait de la disparition des dernières défenses naturelles de sables sur les fokontany du nord de Nosy Kely et Morondava Centre.

Dans ce contexte le projet PALM étudie l’activité hydro-sédimentaire de la zone littorale et développe une stratégie afin de mettre en place des solutions de moyen/long termes pour limiter les impacts de l’érosion côtière sur la ville.

Ainsi, après plusieurs mois de travail, les bureaux d’études mobilisés par le projet présenteront la semaine prochaine les premiers résultats de leurs études concernant l’activité hydro-sédimentaire du littoral et formuleront les premières propositions d’aménagement pour la zone devant les principaux partenaires du projet et les autorités locales.

Une érosion qui s’accélère….

Le littoral de Morondava est soumis depuis toujours à des périodes quasi aléatoires, en tout cas très complexes à mesurer, d’érosion et d’accrétion. En 2004, par exemple, la limite des eaux était quasi équivalente à celle que l’on connait actuellement.

Cependant, depuis 3 ans, on constate une accélération de ce phénomène avec une perte de hauteur de sable sans précédant (plus de deux mètres en 2 ans).

La disparition des dernières protections en haut de plage menace aujourd’hui l’ensemble des constructions du nord de Nosy Kely au fokontany d’Avaradrova.

Une récurrence de marées à forte amplitude

Depuis plusieurs mois, la Commune alerte la population sur les périodes de très fortes marées pouvant avoir un impact sur les constructions, les biens et les personnes résidents sur la zone littorale. En seulement 3 mois, 4 alertes ont été diffusées depuis son site « Morondava-autrement ».

Ces alertes se basent sur les informations de coefficient de marées publiées sur le site « mareespeche Morondava » disponibles gratuitement : https://ma reespeche.com/af/madagascar/morondava#_marees.

…. rendant la ville vulnérable aux phénomènes naturels de marées

Cependant, ces alertes ne prennent pas en compte les phénomènes de houles, de vagues et de vents par exemple, qui ne sont aujourd’hui prévisibles qu’à court terme. Et c’est la conjugaison de ces différents facteurs qui reste le plus aggravant lorsque chaque facteur pris individuellement est à son paroxysme (marée d’équinoxe, très forte houle, etc…).

On remarque pourtant aujourd’hui, que face à la disparition des dernières défenses naturelles de la bande côtière, chaque marée de très fort coefficient a, à elle seule , un impact direct sur la zone urbaine. On assiste ainsi à la recrudescence des phénomènes de submersion sur l’espace urbain en bordure littorale et sur les zones proches du canal Hellot.

Des constats de submersion jusqu’au cœur de la ville

Morondava dispose d’un réseau d’évacuation des eaux lors des fortes pluies vers les parties non urbanisées au Nord de la ville et vers le drain Hellot qui se déversent au Sud-Ouest de la ville. Ces réseaux d’évacuation ont été renforcés lors des travaux routiers réalisés par l’entreprise COLAS et SOGREAH en 2010.

Une partie de ces canaux sont actuellement comblés et ne jouent plus leur rôle d’évacuateurs des eaux de pluies. Cependant, cela permet d’éviter l’intrusion de l’eau de mer par les canalisations depuis le drain Hellot lors des périodes de fortes marées.

C’est le cas par exemple, de la portion de route qui longe le canal Hellot au nord du port Bébé.

A l’inverse, les canaux d’évacuation des eaux de pluies fonctionnels, sont totalement submergés lors des périodes de marées d’équinoxe. C’est le cas par exemple du réseau principal de canaux quadrillant la ville autour de l’artère principale de Morondava.

Si les parties plus « hautes » de la ville sont protégées du phénomène de submersion, les parties « basses » deviennent le réceptacle de l’eau débordant des canaux.

Quelles solutions pour éviter la submersion ?

Ce phénomène de submersion est difficile à contenir. Le système de canaux existants ayant pour vocation l’évacuation des eaux lors de la saison des pluies, mais pas d’évacuer les remontées d’eau de mer provenant du drain Hellot.

Le phénomène de submersion des terres lors des fortes marées est un phénomène naturel. La ville de Morondava ayant été construite sur un cordon lagunaire, dont certains espaces sont en dessous du niveau de la mer. Le véritable problème provient des nombreuses constructions se situant sur des zones inondables ou barrant la route aux voies naturelles de cheminement des eaux.

Face à ce constat, l’action de curage des drains Hellots et FAO après la prochaine saison des pluies est un des moyens envisagés par le projet PALM pour limiter les phénomènes de débordement.

Cependant, une réflexion sur la maîtrise foncière sur le littoral, ainsi que sur les zones inondables et sur de nouvelles formes de constructions plus adaptées au contexte doivent également être envisagées par les pouvoirs publics (c’est le cas au travers du nouveau Plan d’Urbanisme Directeur) et par les particuliers.

Une restitution très attendue des travaux des bureaux d'études en matière de préconisations

Depuis le mois de mai 2018, un groupement de bureaux d’étude travaille en concertation avec la Région Réunion et la Commune urbaine de Morondava, sur un diagnostic des dynamiques hydro-sédimentaire du littoral de Morondava et sur la formulation de préconisations en matière d’aménagement pour lutter efficacement contre le phénomène d’érosion de la bande côtière.

Ainsi, les représentants des Bureaux d’études BIOTOPE (experts sur la thématique végétalisation) et CREOCEAN (experts sur les dynamiques hydro-sédimentaires), les partenaires réunionnais et l’assistant technique du projet du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) se rendront sur Morondava la semaine prochaine.

Deux réunions se tiendront le jeudi 18 octobre et Vendredi 19 octobre dans les bureaux du Conseil municipal :

- La première réunion concernera les principaux partenaires du projet et les représentant des autorités locales, le Préfet, le Chef de Région, le Maire et les élus du Conseil municipal.

Une restitution des résultats des bureaux d’études sera effectuée et mise en débat avec les différentes parties prenante.

- Une seconde réunion sera organisée avec les membres du Comité de Suivi Technique du projet. Ce CST est composé de l’ensemble de ces acteurs, élargis à des représentants de la société civile, des services déconcentrés de l’Etat, des opérateurs touristiques et autres acteurs compétents et qualifiés (sur invitation de la CUM).

La matinée sera dédiée à la restitution des deux études.
L’après-midi sera consacrée aux travaux entrepris par les membres du CST.

Ces rencontres ont pour objectif, outre de présenter les résultats et recommandations des études, de recueillir les avis des acteurs locaux afin qu’ils contribuent aux discussions du CST, de définir la poursuite du programme d’actions du projet et d’orienter les choix en matière d’aménagement avant la restitution du rapport final par les cabinets d’études en novembre 2018.