En raison des évolutions climatiques prévues dans les prochaines décennies et de leurs impacts sur les populations et les économies, l’adaptation aux effets du changement climatique est au cœur des préoccupations de la plupart des régions littorales, lorsqu’elle ne constitue pas une priorité absolue pour les Etats notamment insulaires.
La ville de Morondava, a été est édifiée sur une zone deltaïque correspondant à un ancien exutoire du fleuve à qui la ville doit son nom. Il étreint de ses deux bras, Nord et Sud, la cité avant que leurs embouchures ne se jettent dans le Canal du Mozambique. Ces deux « membres », distantes l’une de l’autre d’une dizaine de km, jouent un rôle essentiel dans la mise en valeur de la plaine agricole de Morondava, tout en assurant les fonctions vitales de producteur et transporteur de matériaux sédimentaires vers et sur la zone côtière.
Ainsi, il « suffit » d’un aléa climatique lourd (cyclones, fortes marées pluies abondantes, sécheresse...), pour que l’équilibre entre les deux bras du fleuve soit rompu. Mais l’action de l’homme sur le milieu (aménagements divers du bassin versant, déforestation, urbanisation, développement du tourisme balnéaire) participe aussi aux causes du dérèglement environnemental. Elles tendent à poser de plus en plus lourd dans la balance écologique.
Conséquences : plus d’eau douce d’irrigation pour les cultures du delta, diminution du débit des puits, augmentation de la salinité et de la pollution. S’agissant des équilibres sédimentaires littoraux, ils sont rompus : l’insuffisance de matériaux prend le dessus sur l’alimentation engendrant un phénomène alternatif d’érosion marine et d’aspiration sur le secteur côtier. Le devenir de Morondava est donc étroitement lié, pour ne pas dire suspendu, au débit du fleuve.
Conscientes de ces enjeux, les îles de la Commission de l’Océan Indien (COI) ont placé la question de l’adaptation comme un élément-clé de la coopération régionale. En 1998, dans le cadre du Programme Régional Environnement (PRE), soutenu par le FED, une mission d’évaluation portant sur l’érosion côtière d’une part, les risques sur les aménagements de protection d’autre part et la ville de Morondava avait été mandatée par la COI. Il s’agissait d’apporter, par des actions concrètes et concertées, des solutions durables au travers un plan d'actions en trois étapes. Celui-ci n’a malheureusement jamais été mis en œuvre.
Aujourd’hui, l’accès au financement par le biais des fonds AFD-INTERREG-Région, l’arrivée d’une nouvelle équipe municipale aux commande de la commune de Morondava, et enfin, le choix de la Région Réunion d’inscrire la coopération régionale comme pilier du co-développement de La Réunion, constituent autant d’opportunités à saisir pour conduire et assurer avec succès la mise en œuvre opérationnelle d'un programme d'aménagement intégré et durable de la zone côtière de Morondava sur la période 2017-2020.
Les mesures préconisées visent à mettre en œuvre des aménagements côtier et terrestre. Ils ont pour fonction de renforcer les protections naturelles contre les cyclones et la submersion marine ; de freiner l’érosion côtière et d’éviter les inondations lors des aléas climatiques et de préserver les parties les plus vulnérables du littoral, tout en conservant la biodiversité et les potentiels biologiques marins côtiers.
Ainsi, le projet cherche non seulement à protéger les usagers du littoral face aux aléas côtiers, mais également à valoriser l’espace littoral remarquable de la ville de Morondava et améliorer les conditions de vie de ses habitants.
Le projet pourrait ainsi mettre en place, à partir de l’année 2019, un ensemble d’aménagements sur le littoral :
a) En matière de génie civil :
- Enlèvement des points durs (ruines) facteurs d'érosion
- Confortement de certains épis
- Remaniement des roches pour établir de nouvelles défenses,
- Pose de défense longitudinale (avec possibilité d'exploiter les matériaux précédents)
- Reprofilage de dunes
- Mise en place de défenses souples de type ganivelle pour fixer les dunes et les protéger contre le piétinement.
b) En matière de génie végétal :
- Végétalisation par ensemencement et par plantation étalée sur les trois ans du projet
c) En matière d'accessibilité et d'accueil du public :
- Organiser des accès à la plage par zones identifiées (passage anti érosif)
- Création d'un sentier littoral entre les zones littorales et urbaines
- Fermeture des points d'accès aux véhicules à la plage et mise en place de parking sur la zone arrière littorale
- Aménagement léger de type kiosque sur la partie arrière littorale
- Point de collecte des déchets
- Sanitaires publics sur la partie arrière du littoral
- Mise en place d'une signalétique (information des populations locales, touristes, visiteurs…)